Café et barre chocolatée
Elle est habillée d’une veste de pyjama bordeaux à carreaux noirs, garnie d’une poche supérieure gauche sur laquelle est brodé un nounours jaune, d’un jean délavé bleu et de chaussons.

Crédits photographiques : Iris Muscari
Iris Muscari
Elle est habillée d’une veste de pyjama bordeaux à carreaux noirs, garnie d’une poche supérieure gauche sur laquelle est brodé un nounours jaune, d’un jean délavé bleu et de chaussons. Elle traîne sa potence pour intraveineuse et se dirige vers la machine à café de l’hôpital. Sur le canapé en simili-cuir marron placé à droite, une patiente du service neurologie vient de s’installer. Un gros pansement sur la tête et un large sourire aux lèvres. Les regards se croisent mais elles ne se parlent pas, la chemise de nuit déballe le Snickers et s’engouffre dans ses pensées, le pyjama commande un cappuccino et rebrousse chemin vers la chambre 216 du service gastro-entérologie.
Avant d’être hospitalisées, elles étaient gourmandes. L’une raffolait des antipasti, surtout les aubergines grillées et les cœurs d’artichauts marinés à l’huile d’olive, l’autre détestait les haricots verts qui lui rappelaient la cantine scolaire, les railleries des copains et les rires moqueurs. Elle était boulotte et elle le demeure. Quand elle a appris à aimer ses rondeurs, le cancer lui a arraché ses rêves de grandeur mais n’a jamais réussi à attaquer sa bonne humeur.
Elles se sont rencontrées devant la machine à café de l’hôpital, l’une était ravie de déguster son Snickers et de pouvoir enfin retrouver le goût du caramel et des cacahuètes, l’autre était venue boire un cappuccino non pas parce qu’elle aime le café mais parce qu’elle aime faire ce trajet de la chambre 216 à la machine à café.