Conférence de Gohar Dashti, photographe, donnée le 12 mars 2012.
Image et création, aujourd'hui en Iran
Depuis plus d'une décennie, la créativité des artistes iraniens suscite la curiosité du public et des institutions culturelles internationales. Ce renouveau de la scène artistique iranienne irrigue tous les champs de la création, du cinéma à la littérature. La photographie et l'illustration ne font pas exception à la règle. Leur succès auprès du public pose la question des conditions de production de ces œuvres, dans un contexte économique et idéologique compliqué.

Gohar Dashti, from the series Slow Decay, 2010.
Programme
De 19h à 20h : Présentation de la dernière série photographique de Gohar Dashti, Slow Decay (2010)
Pour comprendre le processus à l'œuvre dans la création d'images en Iran, la BULAC vous invite à découvrir les derniers travaux de la photographe iranienne Gohar Dashti.
Cette série met en scène des personnes évoluant dans un contexte domestique ordinaire. Un liquide rouge, du sang, vient cependant perturber l’apparente quiétude des protagonistes et crée une tension qui les suspend dans le temps, le silence et l’absence. Ils sont désormais plongés dans le mutisme de leurs histoires intérieures dont les objets qui saignent seraient les narrateurs.
La discussion avec Gohar Dashti sera animée par Yasmina Reggad, commissaire de l'exposition Ce n'est pas du sang, c'est du rouge.
Du 10 mars au 19 avril 2012, retrouvez les œuvres de Gohar Dashti à la Galerie White Project, dans le cadre de l’exposition Ce n'est pas du sang c'est du rouge.
De 20h à 21h : Une métamorphose iranienne, usage de l'autofiction dans le roman graphique de Mana Neyestani

Roman graphique de Mana Neyestani, Une métamorphose iranienne.
Dessinateur et illustrateur pour de nombreux magazines culturels, littéraires, économiques et politiques, Mana Neyestani devient illustrateur de presse à la faveur de la montée en puissance des journaux réformateurs iraniens en 1999.
Mana Neyestani explicitera le processus d'écriture de son premier roman graphique, Une métamorphose iranienne, coédité chez Arte Éditions et Cà et là. Il abordera également les conditions d'exercice de son métier d'illustrateur en France et en Iran.
La discussion avec Mana Neyestani est animée par Faranguis Habibi, journaliste, ancienne directrice du service persan de Radio France internationale (RFI).
- Cette rencontre est organisée en partenariat avec Photo-Festivals / Foto-Festivals, les Éditions Cà et Là et la Galerie White Project.
- Traductions consécutives par Pourvali Bamchade, Anna Lewin et Taraneh Moussavi (étudiants en interprétariat, département de Persan, Inalco)
Réécouter la rencontre
Conférence de
- Mana Neyestani, dessinateur et illustrateur iranien ;
- Faranguis Habibi, journaliste ;
donnée le 12 mars 2012.
La BULAC forme les étudiants de master à la recherche documentaire spécialisée pour les études iraniennes.
Nos intervenants

Gohar Dashti est née à Ahvaz, Iran en 1980. Elle vit et travaille à Téhéran et Berlin. Diplômée d’un master en photographie de l’université de Téhéran, elle a participé à de nombreuses expositions collectives (Téhéran, Berlin, Paris, Washington DC, etc.) et individuelles en France et en Iran. Son travail, essentiellement photographique, explore le passé turbulent de l’Iran et témoigne de la résistance de la génération post-révolution islamique face à la rigidité du pouvoir et de la morale. Dans sa série, Today's Life and War, exposée à Photoquai en 2009, Gohar Dashti donne à voir les stigmates laissés sur la population par la guerre Iran-Irak (1980-1988). Elle revient à Paris avec une nouvelle série Slow Decay, dans laquelle le sang devient le symbole de la détresse d'un peuple qui, pendant des générations, a souffert silencieusement. Progressivement, ces tourments contaminent les âmes et finissent par désintégrer les corps.

Yasmina Reggad est commissaire de l'exposition Ce n'est pas du sang, c'est du rouge.

Dessinateur et illustrateur iranien.
Né à Téhéran en 1973, Mana Neyestani a une formation d’architecte, mais il a commencé sa carrière en 1990 en tant que dessinateur et illustrateur pour de nombreux magazines culturels, littéraires, économiques et politiques. Il devient illustrateur de presse à la faveur de la montée en puissance des journaux réformateurs iraniens en 1999. En 2000, il publie son premier livre en Iran, Kaaboos (Cauchemar), qui sera suivi de Ghost House (2001) et M. Ka’s Love Puzzle (2004). Catalogué comme dessinateur politique, Neyestani est ensuite contraint de faire des illustrations pour enfants. Celle qu’il a faite en 2006 a conduit à son emprisonnement et à sa fuite du pays. Entre 2007 et 2010, il vit en exil en Malaisie, en faisant des illustrations pour des sites dissidents iraniens dans le monde entier. Dans la foulée de l’élection frauduleuse de 2009, son travail est devenu une icône de la défiance du peuple iranien. En 2012, il publie en France le récit de son emprisonnement et de sa fuite d’Iran, Une Métamorphose Iranienne (coédition çà et là / Arte). Il publie ensuite en 2013 un recueil de dessins de presse, Tout va Bien !, puis en 2015 son Petit manuel du parfait réfugié politique (çà et là / Arte). Mana Neyestani a remporté de nombreux prix iraniens et internationaux, plus récemment, le Prix du Courage 2010 du CRNI (Cartoonists Rights Network International ). Membre de l’association Cartooning for Peace, il a reçu le Prix international du dessin de presse, le 3 mai 2012, des mains de Kofi Annan et le Prix Alsacien de l’engagement démocratique en 2015. Mana Neyestani est réfugié politique en France depuis 2011 et vit à Paris avec sa femme.

Journaliste, ancienne directrice du service persan de Radio France internationale (RFI).