La première vision « Un état d’innocence » se passe dans le zoo de Rafah détruit par Tsahal. Alors que des militaires israéliens ont tué sa fille et arrêté son mari, Um Hisham, une mère palestinienne, vient dans ce zoo pour accomplir un acte difficile. Elle a décidé de rendre à la mère d’un soldat israélien, gardien du zoo, « quelque chose qui lui appartient », trois minutes : En effet, elle a tenu dans ses bras ce jeune israélien, qui s’est effondré sous les balles d’un sniper. Elle l’a même bercé alors qu’ « une mère devrait toujours tenir dans ses bras son enfant quand il meurt ».
La deuxième vision « Entre ce souffle et toi » met en scène une jeune infirmière israélienne et un père palestinien. Ce dernier a perdu son fils sous les balles israéliennes, et a accepté que ses poumons soient donnés. Il est persuadé que la jeune femme, qui a subi une transplantation, survit grâce aux poumons de son fils. L’israélienne va refuser ce lien et le père s’obstiner à nouer une relation avec cette jeune femme. Un balayeur, personnage lunaire et poétique, perturbera cette rencontre.
La troisième vision, « Un monde qui s’efface », met en scène un jeune Irakien fantasque et émouvant à Bagdad. Ce passionné d’oiseaux veut nous parler d’aviculture mais malgré ses efforts pour repousser ses souvenirs, Ils le submergent. Son meilleur ami, sa grand-mère sont morts à cause d’une guerre qui ne cesse de l’horrifier, la deuxième guerre du Golfe.
C’est par le biais de la fable que Naomi Wallace donne à ces témoignages inspirés de faits réels une force qui témoigne de l’Humanité toute entière. Comme l’écrit Robert Abirached à Roland Timsit : « ces trois textes, en apparence juxtaposés, trouvent mystérieusement leur sens les uns par rapport aux autres et, en ayant l’air de tisser des anecdotes, vont au plus profond, voire à ce qui est indicible dans le drame qui s’est noué inextricablement sur une terre où se joue une interminable et cruelle partie entre deux peuples et deux mémoires. Le théâtre, ici, nous aide vraiment à retrouver les sources de ce qu’on pourrait appeler tout simplement l’humanité, au visage si brouillé à force de douleur et de larme. »
Au cours de cette table-ronde animée par Robert Abirached, Naomi Wallace et Roland Timsit reviendront sur leur travail d'écriture et de mise en scène de ces trois prises de parole, et s'interrogeront sur les moyens que donne le théâtre pour favoriser la compréhension de la réalité de l’autre, pour instaurer les conditions d'un dialogue en faveur de la paix.