L'appel du Nord
Le mouvement de la foule... Les pas qui résonnent... Embringués, tous autant que nous sommes, dans un fleuve, dans un flux, dans une cadence. Il ne faut pas de faux pas.

Crédits photographiques : Martin Adams (Unsplash)
François Patriarche
Le mouvement de la foule... Les pas qui résonnent... Embringués, tous autant que nous sommes, dans un fleuve, dans un flux, dans une cadence. Il ne faut pas de faux pas. Le moindre écart ne pardonne pas. Risque au pire de chute, au mieux de pied écrasé. Les rêveurs. Les éclopés. Les hésitants. Ce lieu n'est pas pour vous.
Des panneaux directionnels partout. Pour aller par là, passez par ici. Et pour aller par ici, c'est par là. Des flèches pointant vers la droite, vers ce tunnel, vers cette souricière. Des ronds rouges, verts, bleus pour telles lignes allant du nord au sud ou du sud au nord. Plus loin, les indications des trains avec les horaires et les villes. C'est l'appel du Nord. Ça grouille du matin au soir. Celui qui s'arrête cinq minutes ici aura l'impression d'être traversé par toute une ville.
Toutes les cinq minutes les gens accélèrent la cadence, courent puis se démènent pour ne pas rater le train dont on entend la sonnerie. Buzz prolongé suivi du claquement des portes. Contraste entre les gens qui attendent debout parce qu'ils sont arrivés en avance ou qu'ils ont raté le train précédent et ceux qui se dépêchent, affairés, affaiblis par une journée de travail qu'ils veulent laver au plus vite dans le repos douillet d'un pavillon de banlieue.
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