Le fonds Henry Viollet
Architecte de formation et photographe, Henry Viollet (1880-1955) a été une figure pionnière des études sur le patrimoine bâti islamique. La riche documentation rassemblée au cours de ses missions au Proche-Orient (1904-1913) est entrée en 1975 dans les collections de l’Institut d'études iraniennes (aujourd’hui CeRMI, CNRS), désormais déposées à la BULAC. Le fonds comprend photographies, carnets de voyages, notes archéologiques, travaux préparatoires et une correspondance de travail.

Fonds Henry Viollet (Grégoire Maisonneuve / BULAC).
Henry Viollet

Portrait photographique de Henry Viollet. Fonds Jean De Menasce
Architecte, archéologue, mais aussi photographe et voyageur, Henry Viollet (1880-1955) est une figure pionnière des études sur l’architecture islamique. Dès 1904, jeune élève de l’École des Beaux-Arts encore non diplômé, il part vers l’Orient, qu’il sillonne pendant neuf ans, bientôt aidé par des missions officielles du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts. Au cours de ses missions, Viollet relève un grand nombre de monuments, travaille comme architecte et urbaniste pour la ville de Bagdad et va jusqu’à entreprendre les premiers travaux archéologiques sur le site emblématique de Samarra (Irak). La Première Guerre mondiale marque la fin de ses travaux de terrain. Mais il rapporte de ses missions un consciencieux inventaire des sites explorés et une documentation iconographique complètement inédite. Ses notes, plans et croquis, ses photographies d’édifices et vestiges archéologiques constituent un matériel précieux et témoignent de son parcours, original pour l’époque, autour des monuments les plus significatifs du patrimoine bâti islamique qu’il cherchait à documenter pour retracer « les origines de l’art musulman ».
Un fonds d’archives déposé à la BULAC
La remarquable documentation rassemblée par Henry Viollet au cours de ses missions est entrée en 1975 dans les collections de la bibliothèque James-Darmesteter de l’Institut des études iraniennes (aujourd’hui Centre de recherche du monde iranien, CNRS, UMR 8041) ; ces dernières sont entièrement déposées à la BULAC depuis 2011.
Le fonds comprend plus de 4 500 documents. Une part importante du fonds est constituée de photographies, notamment 930 négatifs sur plaques de verre et environ 2 000 tirages papier. Ces prises de vues montrent des monuments situés en Irak et en Iran, mais aussi en Syrie, Turquie, Liban, Égypte, Soudan, Turkménistan et en Ouzbékistan. Elles révèlent un patrimoine architectural qui est aujourd’hui parfois très restauré, si ce n’est proprement disparu, voire en péril et laissent deviner l’itinéraire que Viollet a suivi au cours de ses voyages. L’époque est celle des grands voyageurs fascinés par l’Orient. Cependant, Viollet fut l’un des rares pionniers à s’écarter des principales voies touristiques pour explorer des régions peu connues.
Outre l’architecture, des scènes de vie montrent l’intérêt historique et ethnologique que ces lieux et leurs habitants exerçaient sur le jeune architecte.

Plaques de verre. Fonds Henry Viollet (Grégoire Maisonneuve / BULAC).

Ispahan. Porte d’entrée au bazar. Fonds Henry Viollet. Négatif numérisé disponible sur bina.bulac.fr. (c) Maria Lavabre Viollet.
Les archives Viollet contiennent également 1 620 documents, notamment 7 journaux de route et 14 carnets de croquis, des travaux préparatoires à ses missions et conférences, des articles, mais aussi d’importantes notes archéologiques, des courriers administratifs, ainsi que de nombreux échanges avec les architectes, archéologues, épigraphistes et autres spécialistes du domaine, tels que Jacques de Morgan, Max Van Berchem, Samuel Flury, André Godard, ou Louis Massignon.
Henry Viollet publie peu ses travaux et son fonds reste encore largement inexploité. À la fin des années 1990, les archives ont été classées et inventoriées dans le cadre d’une thèse de doctorat qui portait sur le parcours de Viollet en Iran et en identifiant l’iconothèque attenante (Fromanger 20021). La résidence CollEx-Persée EpiPOM a permis le catalogage des 930 plaques de verre et leur traitement bibliothéconomique systématique, ainsi qu’un premier examen des archives papier du fonds. Des documents originaux ont été identifiés qui constituent des pistes de recherche prometteuses pour l’étude d’un corpus iconographique d'un intérêt scientifique indéniable.
- 1 Marine Fromanger, « Les missions d’Henry Viollet en Perse 1911-1913 : l’architecture iranienne à la période islamique d’après une source inédite : les Fonds Viollet », thèse de doctorat sous la direction d’Yves Porter, Université Aix-Marseille I, 2002 (non publiée).
Les numérisations des négatifs sur plaques de verre du fonds Henry Viollet sont disponibles sur la BiNA et sur Internet Archive.