Les femmes dans le roman coréen du XIXe siècle
Exposition à la bibliothèque universitaire de La Rochelle
1er octobre 2024 - 14 décembre 2024
Pour cette exposition, la BULAC prête 17 fascicules du fonds anciens coréen.

Visuel réalisé par l’artiste Jeounghee Kim
L'exposition met en lumière des livres anciens coréens de type panggakpon 방각본 [édition populaire]. La plupart des romans présentés sont rédigés en han’gŭl 한글 [alphabet coréen], mais un autre type d’ouvrage se distingue dans la collection : ch’ŏnjamun 천자문』 [Livre des mille caractères], une œuvre utilisant 1 000 caractères sans aucune répétition de signe et destinée à l'apprentissage.
Présentation de quelques ouvrages exposés
千字文 Ch'ŏnjamun
千字文 | Ch'ŏnjamun [Classique des mille caractères]. Collections de la BULAC, BIULO COR.I.246.
Classique des mille caractères. Il s’agit d’une édition coréenne d’un manuel chinois destiné à l’apprentissage des mille premiers sinogrammes. Ouvrage très célèbre dans le monde sinisé, c’était l’un des classiques de l’éducation en Corée. À l’origine, le qiānzìwén, de son nom chinois, aurait été composé par un lettré du VIe siècle, Zhou Xingsi sur commande de l’Empereur Wu de la dynastie Liang, (502-549, période des dynasties du Nord et du Sud). Les versions coréennes du XIXe siècle glosent en général la prononciation coréenne des sinogrammes en alphabet coréen (han’gŭl). Ce texte présente des principes moraux, des histoires traditionnelles, des notions de géographie, d'histoire, de rites et de littérature, sous forme de vers, sans qu’aucun caractère ne soit répété.
남원고사 (南原古詞) Namwŏn kosa
남원고[사] (南原古詞) | Namwŏn kosa. Collections de la BULAC, BIULO COR.I.13.
Auteur non précisé [circa 1864-1869]. Il s’agit d’un recueil anonyme de littérature, qui contient notamment le roman de Ch’unhyang, dans sa version de Séoul. Ce fut l’un des best-sellers de la fin du XIXe siècle (cf Yi Yun-sŏk, Ch'oe Ki-suk, Namwŏn kosa : 19-segi pesŭt'ŭ sellŏ, Sŏul ŭi Ch'unhyang chŏn, P'aju, Sŏhae munjip, 2008). Cette version manuscrite a peut-être été copiée spécialement à la demande de Victor Collin de Plancy (1853-1922), diplomate et principal donateur du fonds ancien coréen, conservé à la BULAC.
[Cote COR.I.13]
츈향젼 (=춘향전) Ch'yunhyang jyŏn
츈향젼 (=춘향전) | Ch'yunhyang jyŏn. Collections de la BULAC, BIULO COR.I.155.
Auteur non précisé [18--]. Roman populaire, grand classique de la littérature coréenne, qui narre les amours longtemps contrariées de la belle Ch’unhyang, poursuivie par les assiduités d’un magistrat local, et du non moins fidèle Yi Mong-nyong. Cette version est en han’gŭl (alphabet coréen). Il existe une version p’ansori (chant) : le Chunhyangga. Œuvre célèbre, devenue classique de la littérature coréenne, il fut publié pour la première fois en France au XIXe siècle sous le titre de Le printemps parfumé, dans une traduction établie par un étudiant coréen, Hong, Chong-u (1854-1913).
淑香傳 Sukhyang chŏn
Ce roman d’amour, qui fut apprécié par ses contemporains à la fin du XIXe siècle, révèle des émotions universelles. Ce texte semble avoir exercé une grande influence sur le célèbre romancier Yi Kwang-su (1892-1950), et en particulier sur son roman 무정 Mujŏng [Sans coeur], salué en son temps comme la première œuvre de fiction coréenne moderne (cf l'ouvrage d'Ann Sung-hi Lee, Yi Kwang-su and modern Korean literature, Mujŏng, Ithaca, Cornell University, 2005).
샤시남졍긔 Syashi namjyŏnggŭi (사씨 남정기 Sa ssi namjōng-gi)
Le récit du Voyage de Dame Sa vers le sud est un roman populaire et satirique de 1851, dans lequel son auteur, Kim Manjung (1637-1692), critique la vie politique de son époque, sous le couvert d’une intrigue prudemment transposée en Chine.
Crédits photographiques : Muriel Hoareau, La Rochelle Université.
구운몽 Kuunmong
Kim Manjung (1637-1692). Le rêve des neuf nuages est un roman coréen à clefs, attribué à cet auteur, qui multiplie les références confucéennes, taoïstes et bouddhistes, dans un jeu d’allusions et de connivences. L’original fut écrit en chinois classique, langue littéraire de la Corée classique, mais des versions destinées à un public plus populaire ont été publiées en alphabet coréen, notamment à destination des femmes. Les versions initiales de ces deux romans auraient été rédigées en 1689.
쟝화홍년뎐 Chyanghwa hongnyŏn dyŏn (장화홍련전 Changhwa hongnyŏn chŏn)
Auteur non précisé [18--]. Ce conte populaire mêle l’histoire classique d’un père, de ses deux filles et d’une belle-mère acariâtre, avare et nantie d’un fils qu’elle veut placer, au détriment des deux jeunes filles. Cette histoire est un conte moral, dans lequel la justice finit par triompher, grâce à un fonctionnaire moins lettré que d’autres, et à… des fantômes !