Nous ne disposons pas de chiffres précis, mais les catalogues de nouveautés que nous recevons en France se réduisent comme peau de chagrin. Déjà sensible dans le secteur de la presse, la chute de la production touche l'ensemble de la filière du livre. Kiosques et librairies ferment comme les autres commerces, ainsi que l’a rappelé l’écrivain grec Petros Markaris lors de son intervention au Salon du livre des Balkans à Paris (auditorium du Pôle des langues et civilisations), en novembre 2012. Le Centre européen de traduction littéraire (Ekemel) n’existe plus depuis l’été dernier. Et les décisions du gouvernement grec de fermer le Centre national du livre (Ekebi) après 19 ans d’existence et de centraliser la politique du livre au ministère de la Culture ont provoqué l’indignation dans les milieux culturels du pays. Le centre national du livre avait plusieurs missions comme la promotion du livre et de la lecture, la gestion de la production littéraire et la promotion du livre grec à l’étranger. Il était également l’initiateur et le gestionnaire de deux salons : celui de la jeunesse et le Salon international du livre à Thessalonique. On ne peut que s’interroger sur le devenir de ces missions. Cette rencontre autour de l’écriture et de la lecture dans un monde en crise est donc d’autant plus d’actualité.
Catherine Velissaris dirigeait l’Ekebi. Elle rappelle volontiers les mots de Winston Churchill qui diminua tous les budgets de ses ministères pendant la seconde guerre mondiale, sauf ceux de la défense et de la culture. À une journaliste qui s’en étonna, il répondit « Mais alors pourquoi faire la guerre si ce n’est pas pour défendre notre culture ? ». Catherine Velissaris s’interrogera sur les raisons profondes qui poussent à recentraliser toutes les politiques vers les ministères en Grèce aujourd’hui.
Ersi Sotiropoulos est l'auteure d'un roman prémonitoire. Dès 2003, dans Dompter la bête (Quidam, 2011), la romancière dessinait le portrait d’élites corrompues à travers le personnage de Aris Pavlopoulos, conseiller particulier d’un ministre. Aujourd’hui, Ersi Sotiropoulos souhaite témoigner de la difficulté à exercer son métier d'écrivain dans ces conditions. Le moment de cette rencontre littéraire coïncide avec sa résidence d'écriture à la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire (MEET).
Depuis plus de vingt ans, la MEET accueille en résidence des écrivains et des traducteurs du monde entier qui peuvent ainsi bénéficier d’une bourse et d'un lieu pour écrire. Patrick Deville, l'actuel directeur littéraire du MEET, qui est originaire de la région nantaise, a lui-même vécu au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique centrale. Le voyage et les déplacements font partie intégrante de son univers littéraire. Il présentera au cours de cette soirée les activités de la MEET, et les projets autour de la Grèce dont les résidences d’écriture.
Stéphane Sawas est maître de conférences habilité à l’Inalco. Il y dirige le Centre d’étude et de recherche sur les littératures et les oralités du monde (CERLOM). Il est également chargé de cours en grec moderne à l’École normale supérieure. Ses travaux portent principalement sur l’histoire de la littérature et du cinéma grecs des XXe et XXIe siècle.Son dernier ouvrage, Le Conseil de la cloche et autres nouvelles grecques, paru aux éditions de l’ENS en novembre 2012, présente des traductions de textes représentatifs de l’évolution de ce genre littéraire en Grèce. Stéphane Sawas animera la rencontre.