Première restitution des ateliers d’écriture de la BULAC
Pour la première fois depuis le lancement en 2016 de ses ateliers d'écriture, la BULAC propose une restitution en ligne de plus d'une trentaine de textes écrits durant ces ateliers. Nés de propositions assorties de contraintes formelles, ces textes sont le reflet du chemin parcouru par chacun des participants pour aller à la rencontre de la singularité de son écriture.
Série d'été 2022
La lecture à voix haute de son texte constitue parfois la première difficulté à surmonter en séance, alors que les écrivants viennent tout juste de faire connaissance. Forts de leur expérience acquise au sein de leur groupe respectif, certains d’entre eux ont accepté l’idée de passer à l’étape du partage de leurs textes, à l’extérieur du cadre des ateliers.
Au fil de ces six années, chaque groupe était constitué de quelques inscrits dont le français n’est pas la langue natale, la BULAC comptant un grand nombre de lecteurs allophones. Loin de représenter une limitation pour ces participants, leur capacité à poser un regard extérieur sur la langue française et sur l’écriture en français a souvent permis d’ouvrir plus largement le champ de la créativité au sein des groupes.
Ces textes écrits à partir de propositions d’écriture, toujours assorties de contraintes formelles, sont le reflet du chemin parcouru par chaque écrivant pour aller à la rencontre de sa créativité et de la singularité de son écriture.
Afin d’expérimenter l’écriture « sensible », en s’appuyant notamment sur les cinq sens, un ensemble de propositions avait pour fil conducteur le paysage, compris dans toutes ses acceptions et dimensions, qu’il soit urbain, post-moderne ou antique, bucolique, ordinaire, quotidien, insolite, mémoriel, sonore, olfactif, mental, abstrait, intérieur, intime, spirituel…, l’expérimentation par l’écriture de ces propositions offrant à chaque écrivant la possibilité d’élargir le champ de son expressivité en « lâchant les chevaux » de la liberté formelle. La plupart d’entre eux pourront en témoigner, acquérir cette liberté ne se décrète pas. « Désobéir », en osant écrire des phrases sans verbe, un texte constitué d’une seule phrase, ou des phrases sans majuscule ni point final, exige de s’affranchir d'injonctions qui ont déterminé notre façon d’aborder et de pratiquer l’écriture.
Pour arpenter le paysage, il était proposé aux participants d’aborder tour à tour les notions de temps qui passe, ou de déplacement dans le paysage, ainsi que celles de plan-séquence, d’effet de zoom, de premier plan, d’arrière-plan, etc., empruntées à la grammaire cinématographique. L’étude du personnage de fiction a également donné lieu à l’élaboration de portraits, à travers l’expérimentation du « biographème », cher à Roland Barthes, ainsi qu’à l’écriture de textes sur le corps.
Les participants ont cheminé durant ces ateliers en compagnie d’écrivains tels que Colette, Annie Ernaux, Maylis de Kerangal, Georges Perec, Fernando Pessoa, Francis Ponge, Marcel Proust, Annie Saumont, Jane Sautière, Marie NDiaye, et bien d’autres. La lecture d’extraits de leurs œuvres, ainsi que l’écoute d’entretiens sur la fabrique de leur écriture ont permis de nourrir les échanges et la réflexion autour de ces propositions d’écriture. Des œuvres picturales, telles que celles d'Edward Hopper, ont également été la source d’inspiration de certaines propositions d’écriture.
Toute ma gratitude va aux auteur.e.s des textes qui ont accepté de jouer le jeu de cette première restitution en ligne.
Clotilde Monteiro, animatrice des ateliers d’écriture de la BULAC