Publié : 29/07/2022, mis à jour: 30/08/2022 à 15:56
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Première restitution des ateliers d’écriture de la BULAC

Pour la première fois depuis le lancement en 2016 de ses ateliers d'écriture, la BULAC propose une restitution en ligne de plus d'une trentaine de textes écrits durant ces ateliers. Nés de propositions assorties de contraintes formelles, ces textes sont le reflet du chemin parcouru par chacun des participants pour aller à la rencontre de la singularité de son écriture.

Photo de une - Restitution des ateliers d'écriture

Crédits photographiques : Clotilde Monteiro.

Série d'été 2022

La lecture à voix haute de son texte constitue parfois la première difficulté à surmonter en séance, alors que les écrivants viennent tout juste de faire connaissance. Forts de leur expérience acquise au sein de leur groupe respectif, certains d’entre eux ont accepté l’idée de passer à l’étape du partage de leurs textes, à l’extérieur du cadre des ateliers.

 

Au fil de ces six années, chaque groupe était constitué de quelques inscrits dont le français n’est pas la langue natale, la BULAC comptant un grand nombre de lecteurs allophones. Loin de représenter une limitation pour ces participants, leur capacité à poser un regard extérieur sur la langue française et sur l’écriture en français a souvent permis d’ouvrir plus largement le champ de la créativité au sein des groupes.

 

Ces textes écrits à partir de propositions d’écriture, toujours assorties de contraintes formelles, sont le reflet du chemin parcouru par chaque écrivant pour aller à la rencontre de sa créativité et de la singularité de son écriture.

 

Afin d’expérimenter l’écriture « sensible », en s’appuyant notamment sur les cinq sens, un ensemble de propositions avait pour fil conducteur le paysage, compris dans toutes ses acceptions et dimensions, qu’il soit urbain, post-moderne ou antique, bucolique, ordinaire, quotidien, insolite, mémoriel, sonore, olfactif, mental, abstrait, intérieur, intime, spirituel…, l’expérimentation par l’écriture de ces propositions offrant à chaque écrivant la possibilité d’élargir le champ de son expressivité en « lâchant les chevaux » de la liberté formelle. La plupart d’entre eux pourront en témoigner, acquérir cette liberté ne se décrète pas. « Désobéir », en osant écrire des phrases sans verbe, un texte constitué d’une seule phrase, ou des phrases sans majuscule ni point final, exige de s’affranchir d'injonctions qui ont déterminé notre façon d’aborder et de pratiquer l’écriture.

 

Pour arpenter le paysage, il était proposé aux participants d’aborder tour à tour les notions de temps qui passe, ou de déplacement dans le paysage, ainsi que celles de plan-séquence, d’effet de zoom, de premier plan, d’arrière-plan, etc., empruntées à la grammaire cinématographique. L’étude du personnage de fiction a également donné lieu à l’élaboration de portraits, à travers l’expérimentation du « biographème », cher à Roland Barthes, ainsi qu’à l’écriture de textes sur le corps.

 

Les participants ont cheminé durant ces ateliers en compagnie d’écrivains tels que Colette, Annie Ernaux, Maylis de Kerangal, Georges Perec, Fernando Pessoa, Francis Ponge, Marcel Proust, Annie Saumont, Jane Sautière, Marie NDiaye, et bien d’autres. La lecture d’extraits de leurs œuvres, ainsi que l’écoute d’entretiens sur la fabrique de leur écriture ont permis de nourrir les échanges et la réflexion autour de ces propositions d’écriture. Des œuvres picturales, telles que celles d'Edward Hopper, ont également été la source d’inspiration de certaines propositions d’écriture.

 

Toute ma gratitude va aux auteur.e.s des textes qui ont accepté de jouer le jeu de cette première restitution en ligne.

 

Clotilde Monteiro, animatrice des ateliers d’écriture de la BULAC

Du 25 juillet au 27 août, deux (ou trois) nouveaux textes seront à découvrir tous les mardis, jeudis et samedis. Leur publication sera relayée sur les réseaux sociaux de la BULAC (Twitter, Facebook et Instagram).

Marius Dahl- Kerkennah-Désert

La plage est toujours déserte en hiver. Quelques fois, une vieille dame, foulard rouge sur la tête, cherche des coquillages ou des crabes quand la marée est basse.

Nagumo-Astérion-Arbre

C’est à l’époque des narcisses en pâmoison que ma génitrice, vaguement ensorcelée par une divinité assurément offensée, commet l’acte.

Agnès Myara-Désert-Plat en mosaïques

De part et d’autre, les parois abruptes plongent vers le fond du ravin

D’un côté la fraîcheur de l’ombre paresse encore nonchalamment

De l’autre, la chaleur écrasante du soleil surgit tel un diable 

Yamini-Vers Shimla

Sept heures, on avait dit sept heures.

 

Il s’agit de faire rentrer dans ce sac déjà plein à craquer les dernières affaires dispersées çà et là.

Hafida Le Cloirec-Tout est une question de point de vue !

Qu’est-ce qu’il a celui-là à faire flotter son bras au-dessus de lui en ricanant pour héler le serveur ? !

Évelyne Noygues-Carthage

Capitale mythique de l’Africa romana que Rome a gouvernée près de huit siècles
 

 

 

Annabelle Martella-El Camino-Lucie Longuet

La tente est posée sur du gazon, tondu par un robot. Il t’a réveillée quand il a commencé à faire des tours dans le jardin.

L'appel du Nord-François Patriarche

Le mouvement de la foule... Les pas qui résonnent... Embringués, tous autant que nous sommes, dans un fleuve, dans un flux, dans une cadence. Il ne faut pas de faux pas.

Florian Targa-Triora-Trouvelot-Aurora borealis

Et pourtant tu n’iras jamais en ce lieu, et moi non plus jamais plus.

Iris Muscari-Café et barre chocolatée

Elle est habillée d’une veste de pyjama bordeaux à carreaux noirs, garnie d’une poche supérieure gauche sur laquelle est brodé un nounours jaune, d’un jean délavé bleu et de chaussons.

Mariéva Chalvin-La chaussure

La chaussure : parfois chaude et sûre, solide, robuste et ferme, d’aucuns diraient pourtant que parfois elle enferme.

Xuan Wang-Daniil Trifonov joue Liszt

Sur la scène, on ne voit qu’un piano à queue et un jeune pianiste. À part le cercle de lumière qui les entoure, tout le reste de la scène demeure dans l’ombre. Daniil Trifonov commence à jouer.

Évelyne Noygues-Mes mains sont toute ma fortune !

Elles sont là, devant moi. Mes mains, je les observe. Elles sont charnues et pleines de force. Mes doigts écartés se font face sans se toucher, légèrement repliés.

Saadia Afzal-Paysage

Étendue, jeux d’ombre et de lumière, lignes de vie et chemin pour les yeux, silence, un vert sombre mais rassurant...

Chantal Dauphin-Le printemps de Nina-Morning sun-Edward Hopper

Des murs tendus de toile, des meubles anciens, l’appartement est cossu, comme on dit.

Gordon Zola-Essence et gomme- Gas-Hopper

Il est tard mais il fait encore bon. Dans peu de temps il sera l’heure que j’aille me coucher.

Agnès Myara-VIE

Plus de sommeil depuis si longtemps, surélevée grâce à mes cinq oreillers, je happe l’air, goulée après goulée, « du lit au lit » comme chante le grand Jacques…

Piazza d'Italia, Giorgio de Chirico (1913). Museo Nacional de Bellas Artes (Buenos Aires), Gandalf's Gallery-flickr.com.

Qu’ils viendront je dis, pas de doute ça hein. Et vous y croyez encore vraiment vous ? J’en suis sûr moi qu’y reviennent. Bientôt ou plus tard mais y vont revenir.

Mariéva Chalvin-Temps mort ?

« Toutes blessent, la dernière tue » : les trois pierres alignées dans la pénombre qui se dissipe portent le nom d’un chanteur, d’un écrivain et d’une inconnue...

Annabelle Martella-Dans son trou-Lucie Longuet

Il m’arrive de me souvenir du rayon poissonnerie du Super U-Pouilly. Je repense à la surface de glace pilée sur laquelle on entreposait des dos de cabillauds bien gras que j’aimais faire glisser entre mes doigts.

Iris Muscari-Syrie, Libye, Ukraine... même scène

Elle est face au chaos entourée de ruines, de morts et de lambeaux.

Nagumo-Une vie-Biographème

Max est né un 25 décembre, à Paris 12e. Signe distinctif : une tache de naissance granuleuse reçue en don dans le creux de la main gauche...

Florian Targa-Élévation-Caspar David Friedrich-Les âges de la vie

Perché. Perché là-haut loin et fier. Loin et fier de son fer. Silence. Il surveille en silence la contrée et la montée. Les pentes et la descente.

Hafida Le Cloirec-Le satyre du bâtiment 1

Bâtiment 1. Premier étage. Porte fond du couloir droite. Qu’avais-tu en tête cette nuit là, quand tu es sorti de chez toi ?

Évelyne Noygues-Le cactus

Le cactus, plante grasse ou succulente, cache ses fleurs derrière ses piquants : qui s’y frotte s’y pique !

Agnès Myara-Le gilet rouge et la panthère noire-Le chat de Bulgakov, Kiev, Kyiv

Mon boulot à moi, c’est infirmière en réa. Gaston, lui, c’est le patron de la plus grande casse du département. Nous sommes devenus amis au fil des pannes de ma vieille Twingo.

AusPices-Fait divers à Beaune

Cet aprèm, on a fait du looping sur la dalle de béton de l’ancien garage derrière Carrefour, ils ont démonté la charpente, restent les plots comme deux moignons.

Hafida Le Cloirec-Le retour du lion-Biographème-Eugène Delacroix-Lion de l'Atlas

Il est né un 1er janvier : c’est le jour de naissance de ceux qui sont nés un jour.

Mariéva Chalvin-La chaussure

Il ne se lasse pas de venir l’écouter dans ce bar. Il s’assied à la table d’à côté, ouvre son cœur et ses oreilles et laisse couler le temps.

Marius Dahl-Danse des heures, Anno 2019

Quelque chose qui vibre dans l'air, et sous la terre. Lampadaires qui s'éteignent autour de la pelouse interdite, des lueurs s'allument, des vies qui s'éveillent une à une sur les murs de la ville.

Grégory Louge-Le chant des dunes-Paysage de thé - 茶景

Paris

 

Le RER B surplombe un campement de deux cents âmes environ à la pointe d'un triangle formé par les voies de chemin de fer, la N2 et l'A86...

Nanuk - Nuit - Voie lactée

La large porte ternie par le temps se referme à double tour sur ses pas, dans un claquement sonore qui ouvre un peu plus la plaie béante de son cœur.

Nagumo-Chloé démultipliée

Station Belleville, une placette qui gémit sous le martèlement continu des sandales, baskets et mocassins, tandis que de jeunes rats fraîchement sevrés se faufilent...

Nanuk - Histoire d'un regard - photo Alex Andrew - Pexels.com

Allongée plus loin, tu me regardes tranquillement sans bouger. Tu parais en paix, satisfaite de l'instant présent.